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Rimbaud, dans l'affection et le bruit neufs

 

en deux épisodes et cinquante photos

textes en désordre d'Arthur Rimbaud (Une saison en enfer)

sous-textes cachés de Thierry Beinstingel ©

 

Deuxième épisode : Roche                             Premier épisode : Charleville

 

Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les coeurs, où tous les vins coulaient.
Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. - Et je l'ai trouvée amère. - Et je l'ai injuriée.
Je me suis armé contre la justice.
Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié!

En repartant de Charleville, à travers les lisières mouillées, je savais déjà que la route me mènerait pas loin de Roche où tu avais écrit ta seule et unique tentative de publication.

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Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.
J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, avec le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie.
Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot.

Puis, il y a cent trente trois ans, même époque, dans l'automne mouillé qui avait suivi ta saison d'enfer, tu allais chercher à Bruxelles la petite plaquette. Prix : un franc. Tu écrivais sur l'une d'elle "A P Verlaine, A Rimbaud".

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J'ai de mes ancêtres gaulois l'oeil bleu blanc, la cervelle étroite, et la maladresse dans la lutte. Je trouve mon habillement aussi barbare que le leur. Mais je ne beurre pas ma chevelure.
Les Gaulois étaient les écorcheurs de bêtes, les brûleurs d'herbes les plus ineptes de leur temps.
D'eux, j'ai: l'idolâtrie et l'amour du sacrilège; - oh! tous les vices, colère, luxure, - magnifique, la luxure; - surtout mensonge et paresse.
J'ai horreur de tous les métiers. Maîtres et ouvriers, tous paysans, ignobles. La main à plume vaut la main à charrue. - Quel siècle à mains! - Je n'aurai jamais ma main.

Pour aller à Roche, le mieux est de passer par Attigny. C'est "le pays où l'on arrive jamais" d'André Dhotel. Un temps, le bourg a essayé de s'en souvenir mais quelle étrange indifférence pousse ces régions a oublier ses écrivains ? Comme à Charleville, les pancartes et les affiches se délitent, s'effacent aux pluies.

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Il m'est bien évident que j'ai toujours été race inférieure. Je ne puis comprendre la révolte. Ma race ne se souleva jamais que pour piller: tels les loups à la bête qu'ils n'ont pas tuée.
Je me rappelle l'histoire de la France fille aînée de l'Église. J'aurais fait, manant, le voyage de terre sainte; j'ai dans la tête des routes dans les plaines souabes, des vues de Byzance, des remparts de Solyme; le culte de Marie, l'attendrissement sur le crucifié s'éveillent en moi parmi mille féeries profanes. - Je suis assis, lépreux, sur les pots cassés et les orties, au pied d'un mur rongé par le soleil. - Plus tard, reître, j'aurais bivaqué sous les nuits d'Allemagne.
Ah! encore: je danse le sabbat dans une rouge clairière, avec des vieilles et des enfants.

Il ne faut pas louper l'embranchement mais après tout est simple, indiqué. Voici le temps du calvaire, on est arrivé.

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On ne part pas. - Reprenons les chemins d'ici, chargé de mon vice, le vice qui a poussé ses racines de souffrance à mon côté, dès l'âge de raison - qui monte au ciel, me bat, me renverse, me traîne.
La dernière innocence et la dernière timidité. C'est dit. Ne pas porter au monde mes dégoûts et mes trahisons. Allons! La marche, le fardeau, le désert, l'ennui et la colère.
A qui me louer? Quelle bête faut-il adorer? Quelle sainte image attaque-t-on? Quels coeurs briserai-je? Quel mensonge dois-je tenir? - Dans quel sang marcher?

Il n'y a rien : une poignée de fermes, de vieilles remises en tôle. Le cheval sera le seul être vivant aperçu mais il y a du y avoir quelques rideaux soulevés à mon passage vers les maisons du coin.

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Sur les routes, par les nuits d'hiver, sans gîte, sans habits, sans pain, une voix étreignait mon coeur gelé: "Faiblesse ou force: te voilà, c'est la force. Tu ne sais ni où tu vas ni pourquoi tu vas, entre partout, réponds à tout. On ne te tuera pas plus que si tu étais cadavre." Au matin j'avais le regard si perdu et la contenance si morte, que ceux que j'ai rencontrés ne m'ont peut-être pas vu.

ça devait être identique à ton époque : des jardins, des abris détournés de leurs usages, de quoi se cacher. Rien d'autre à faire que d'attendre "le soleil bas, taché d'horreurs mystiques" au delà de la fuite du regard vers les vergers voisins.

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Oui, j'ai les yeux fermés à votre lumière. Je suis une bête, un nègre. Mais je puis être sauvé. Vous êtes de faux nègres, vous maniaques, féroces, avares. Marchand, tu es nègre; magistrat, tu es nègre; général, tu es nègre; empereur, vieille démangeaison, tu es nègre: tu as bu d'une liqueur non taxée, de la fabrique de Satan. - Ce peuple est inspiré par la fièvre et le cancer. Infirmes et vieillards sont tellement respectables qu'ils demandent à être bouillis. - Le plus malin est de quitter ce continent, où la folie rôde pour pourvoir d'otages ces misérables. J'entre au vrai royaume des enfants de Cham.

On t'a grossièrement taillé dans une plaque de tôle. On a rajouté tes initiales et un texte explicatif. On imagine l'employé communal pester de devoir déplacer ton effigie pour tondre la pelouse.

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"- Tu vois cet élégant jeune homme, entrant dans la belle et calme maison: il s'appelle Duval, Dufour, Armand, Maurice, que sais-je? Une femme s'est dévouée à aimer ce méchant idiot: elle est morte, c'est certes une sainte au ciel, à présent. Tu me feras mourir comme il a fait mourir cette femme. C'est notre sort à nous, coeurs charitables... " Hélas! Il avait des jours où tous les hommes agissant lui paraissaient les jouets de délires grotesques: il riait affreusement, longtemps. - Puis, il reprenait ses manières de jeune mère, de soeur aimée. S'il était moins sauvage, nous serions sauvés! Mais sa douceur aussi est mortelle. Je lui suis soumise. - Ah! je suis folle!
"Un jour peut-être il disparaîtra merveilleusement; mais il faut que je sache, s'il doit remonter à un ciel, que je voie un peu l'assomption de mon petit ami!"
Drôle de ménage!
A moi. L'histoire d'une de mes folies.

C'est vers cette maison que tu semble te diriger. C'est là paraît-il que tu l'as écrit. En fait, la ferme initiale a disparu mais cette nouvelle bâtisse à  qui l'a remplacée après la première guerre mondiale.

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Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises, Que buvais-je, à genoux dans cette bruyère Entourée de tendres bois de noisetiers, Dans un brouillard d'après-midi tiède et vert?
Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise, - Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert!- Boire à ces gourdes jaunes, loin de ma case Chérie? Quelque liqueur d'or qui fait suer.
Je faisais une louche enseigne d'auberge, - Un orage vint chasser le ciel. Au soir L'eau des bois se perdait sur les sables vierges, Le vent de Dieu jetais des glaçons aux mares;
Pleurant, je voyais de l'or - et ne pus boire. -

On laisse le jardin s'ensauvager. Des baliveaux gardent une maison où tu ne pénétra jamais. Traces de pacotilles.

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La vieillerie poétique avait une bonne part dans mon alchimie du verbe.
Je m'habituai à l'hallucination simple: je voyais très-franchement une mosquée à la place d'une usine, une école de tambours faite par des anges, des calèches sur les routes du ciel, un salon au fond d'un lac; les monstres, les mystères; un titre de vaudeville dressait des épouvantes devant moi!
Puis j'expliquai mes sophismes magiques avec l'hallucination des mots!
Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit. J'étais oisif, en proie à une lourde fièvre: j'enviais la félicité des bêtes, - les chenilles, qui représentent l'innocence des limbes, le sommeil de la virginité!
Mon caractère s'aigrissait. Je disais adieu au monde dans d'espèces de romances

Surfaite aussi l'appellation "Place Rimbaud" et qui n'est qu'un carrefour d'herbes et de buissons, de sentiers pour chats. Une plaque rappelle que tu as "espéré, désespéré et souffert". Moi aussi en voyant cet endroit si désuet, évidé de tout. Un endroit tranquille, chants d'oiseaux diraient d'aucuns dans cette projection d'éternité qu'on se fait des campagnes mais pour d'autres, ce peut être un enfer cuit dans une étouffée de verdure, la peur d'une saison d'éternité. Vertiges.

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J'aimai le désert, les vergers brûlés, les boutiques fanées, les boissons tiédies. Je me traînais dans les ruelles puantes et, les yeux fermés, je m'offrais au soleil, dieu de feu.
"Général, s'il reste un vieux canon sur tes remparts en ruines, bombarde-nous avec des blocs de terre sèche. Aux glaces des magasins splendides! dans les salons! Fais manger sa poussière à la ville. Oxyde les gargouilles. Emplis les boudoirs de poudre de rubis brûlante... "
Oh! le moucheron enivré à la pissotière de l'auberge, amoureux de la bourrache, et que dissout un rayon!

A l'endroit précis où se tenait le pigeonnier où tu te réfugiais pour écrire, il y a cette stèle comme une deuxième pierre tombale et cette sentence définitive que tu avais renié plus tard. Chef d'oeuvre ! Mais pour qui ? Ceux qui cherchent quoi ? Ne nous leurrons pas, nous sommes identiques à vouloir l'enterrer une seconde fois, à laisser s'effacer toutes traces d'écriture, de poésie, André Dhotel, Rimbaud, combien d'autres ? Se méfier de la puissance des mots, les fuir, mieux : les enfouir et ce n'est pas pour rien que la première et dernière allusion à tes poèmes est la plus proche du sol.

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Je dus voyager, distraire les enchantements assemblés sur mon cerveau. Sur la mer, que j'aimais comme si elle eût dû me laver d'une souillure, je voyais se lever la croix consolatrice. J'avais été damné par l'arc-en-ciel. Le Bonheur était ma fatalité, mon remords, mon ver: ma vie serait toujours trop immense pour être dévouée à la force et à la beauté.

Il n'y avait plus rien à voir et j'ai parcouru les chemins aux alentours, j'ai laissé mon regard aux fonds des vallons, dans les bosquets, sur les talus.

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Ah! cette vie de mon enfance, la grande route par tous les temps, sobre surnaturellement, plus désintéressé que le meilleur des mendiants, fier de n'avoir ni pays, ni amis, quelle sottise c'était. - Et je m'en aperçois seulement!
- J'ai eu raison de mépriser ces bonshommes qui ne perdraient pas l'occasion d'une caresse, parasites de la propreté et de la santé de nos femmes, aujourd'hui qu'elles sont si peu d'accord avec nous.
J'ai eu raison dans tous mes dédains: puisque je m'évade!

J'ai vu les arbres que tu avais vus, caressé les écorces que tu avais touchées. J'ai entendu résonner sur la route les pas de la vieille jument Comtesse qui te ramena du Harar dix-huit ans après ta saison en enfer puis qui t'emmena à nouveau à la gare de Voncq dans les soupirs de douleur, destination Marseille où tu avais débarqué quelques mois plus tôt. Cette fois-ci, terminus du train, fin de tout.

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Je m'évade!
Je m'explique.
Hier encore, je soupirais: "Ciel! sommes-nous assez de damnés ici-bas! Moi j'ai tant de temps déjà dans leur troupe! Je les connais tous. Nous nous reconnaissons toujours; nous nous dégoûtons. La charité nous est inconnue/ Mais nous sommes polis; nos relations avec le monde sont très-convenables."

Je rentre à Roche de nouveau...

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J'envoyais au diable les palmes des martyrs, les rayons de l'art, l'orgueil des inventeurs, l'ardeur des pillards; je retournais à l'Orient et à la sagesse première et éternelle.
-Il paraît que c'est un rêve de paresse grossière!

Je m'arrête au lavoir ("sinistre lavoir, toujours accablé de la pluie et noir...Ô buanderie militaire, ô bain populaire").

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Torture subtile, niaise; source de mes divagations spirituelles. La nature pourrait s'ennuyer, peut-être! M. Prudhomme est né avec le Christ.
N'est-ce pas parce que nous cultivons la brume! Nous mangeons la fièvre avec nos légumes aqueux. Et l'ivrognerie! et le tabac! et l'ignorance! et les dévouements! - Tout cela est-il assez loin de la pensée de la sagesse de l'Orient, la patrie primitive? Pourquoi un monde moderne, si de pareils poisons s'inventent!
Les gens d'Église diront: C'est compris. Mais vous voulez parler de l'Eden. Rien pour vous dans l'histoire des peuples orientaux. - C'est vrai; c'est à l'Eden que je songeais! Qu'est-ce que c'est pour mon rêve, cette pureté des races antiques!

Sans doute, là encore, il ne reste rien d'origine. Peut-être quelques pavements, la constance de la source à se renouveler.

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Les philosophes: Le monde n'a pas d'âge. L'humanité se déplace, simplement. Vous êtes en Occident, mais libre d'habiter dans votre Orient, quelque ancien qu'il vous le faille, - et d'y habiter bien. Ne soyez pas un vaincu. Philosophes, vous êtes de votre Occident.
Mon esprit, prends garde. Pas de partis de salut violents. Exerce-toi! - Ah! la science ne va pas assez vite pour nous!
- Mais je m'aperçois que mon esprit dort.

Se renouvellent aussi les émois, les phrases péremptoires, la dangereuse écriture, les témoins de nos pensées, tout ce qui réussit à s'échapper malgré nos efforts.

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Ma vie est usée. Allons! feignons, fainéantons, ô pitié! Et nous existerons en nous amusant, en rêvant amours monstres et univers fantastiques, en nous plaignant et en nous querellant les apparences du monde, saltimbanque, mendiant, artiste, bandit, - prêtre! Sur mon lit d'hôpital, l'odeur de l'encens m'est revenue si puissante; gardien des aromates sacrés, confesseur, martyr...
Je reconnais là ma sale éducation d'enfance. Puis quoi!... Aller mes vingt ans, si les autres vont vingt ans...

C'est contre nous-mêmes et pour la poésie. Rien à rajouter. Je quitte Roche pour mes harars à moi.

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N'eus-je pas une fois une jeunesse aimable, héroïque, fabuleuse, à écrire sur des feuilles d'or, - trop de chance! Par quel crime, quelle erreur, ai-je mérité ma faiblesse actuelle? Vous qui prétendez que des bêtes poussent des sanglots de chagrin, que des malades désespèrent, que des morts rêvent mal, tâchez de raconter ma chute et mon sommeil. Moi, je ne puis pas plus m'expliquer que le mendiant avec ses continuels Pater et Ave Maria. Je ne sais plus parler!
Pourtant, aujourd'hui, je crois avoir fini la relation de mon enfer. C'était bien l'enfer; l'ancien, celui dont le fils de l'homme ouvrit les portes.

Routes  encore vers la fin de ce périple inattendu et rentrer vers ces vies que nous avons bridées. Rétroviseur inutile : on ne gardera rien de telles évasions inutiles. Elles s'accrochent aux épines des bosquets, elles se diluent dans les ciels, elles retombent dans la terre des champs.

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Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d'or, au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin. J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs! Une belle gloire d'artiste et de conteur emportée!
Moi! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre! Paysan!
Suis-je trompé? la charité serait-elle soeur de la mort, pour moi?
Enfin, je demanderai pardon pour m'être nourri de mensonge. Et allons.
Mais pas une main amie! et où puiser le secours?

Si, avant de nous quitter, venait un écrivain encore, car notre mémoire facétieuse dispose partout les traces de ce qu'on aimerait effacer avec l'inutilité des romans : C'est Blaise Cendrars qui nous salue ici dans ces soldats de pierre du monument de la Ferme Navarin. C'est ici qu'il perdit un bras en 1916, le droit, celui qui tenait sa plume jusqu'alors. Sa vie restant il nous salua de son unique "main amie"avec laquelle il terminait ses lettres. (Quel siècle à mains!)

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Oui l'heure nouvelle est au moins très-sévère.
Car je puis dire que la victoire m'est acquise: les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, - des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. - Damnés, si je me vengeais!
Il faut être absolument moderne.
Point de cantiques: tenir le pas gagné. Dure nuit! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau!... Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.
Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.
Que parlais-je de main amie!

Au retour de ces saisons en enfer, ces pays où l'on arrive jamais, ces lotissements du ciel, retour brutal dans l'ascenseur du travail. Autoportrait des derniers jours, mais c'est une autre histoire car il nous appartient d'invente encore et de  nous révolter toujours (22/11/2006, suite et fin de l'escapade en rubrique Webcam ).