depuis septembre 2000

retour accueil


Actualités

Agenda

Etonnements

Notes d'écriture

Notes de lecture

Webcam

Bio

Biblio

La Réserve, 

Central

Composants

Paysage et portrait en pied-de-poule

1937 Paris - Guernica
    
CV roman

Bestiaire domestique

Retour aux mots sauvages

Ils désertent

Faux nègres

Journal de la Canicule

Vie prolongée d’Arthur
Rimbaud

Sans trace

Yougoslave

Dernier travail

Littérature 
du travail

Ateliers
d'écriture

pages spéciales


Archives

 

 

Notes de lecture

 

La végétarienne, de Han Kang, Le Serpent à Plumes.
Publié dans son pays en 2007 et traduit en français en 2015 par Jeong Eun-Jin et Jacques Batilliot, j’en propose un extrait en ce moment sur le site collectif L’aiR Nu.
Ce roman met en scène une jeune femme Yonghye, qui, à la suite d’un rêve décide de devenir végétarienne du jour au lendemain. Décision irrationnelle, survenue à la suite d’un rêve étrange.
Aussi, les lecteurs qui croient deviner derrière ce roman une apologie du véganisme en seront pour leurs frais. Pas de réflexion sur la surproduction de viande ou toute pensée écologique cohérente sur laquelle se fonde le végétarisme. De plus, le récit met en scène plusieurs personnages peu recommandables, le mari macho qui a vite fait de s’éclipser, le beau-frère qui profite de la faiblesse psychologique de sa belle-sœur pour assouvir ses égarements sexuels. Seule sa sœur (la femme du pervers) tente de nouer le contact avec Yonghye qui s’enfonce de plus en plus dans sa folie.
Je ne pense pas que ce roman soit le plus adéquat pour rentrer dans l’univers de Han Kang, qui a été récompensée en 2024 par le prix Nobel de littérature « pour la profondeur de sa prose poétique qui s'oppose aux traumatismes de l'histoire et révèle la fragilité de la vie humaine ». Depuis, j’en ai lu d’autres qui proposent une humanité plus visible. Mais peut-être n’est-ce qu’une question de point de vue culturel.
(21/01/2025)

 

Le cheval d’orgueil, de Pierre-Jakez Hélias, Pocket.
Emblématique de la Bretagne, ce récit, intitulé également Mémoires d’un breton du pays bigoudin, a été publié en 1975. A cette époque, il rencontre un grand succès. Au milieu des années soixante-dix, en effet, le régionalisme est devenu plus revendicatif, c’est l’époque du Front de libération de la Bretagne, de l’introduction des langues régionales. Des groupes et des artistes comme Alan Stivell et Tri-Yann dépoussièrent le folklore local (à la même époque d’ailleurs, dans ma campagne profonde, j’acquiers une guitare « folk », je vais dans des fêtes de villages où s’agitent mollement des chevelus munis de sabots et de chemises de grands-pères).
Le cheval d’orgueil aujourd’hui est débarrassé de toute cette mode de retour à la terre qui prévalait alors. Lire ces Mémoires d’un breton du pays bigoudin, tandis que Rennes est devenue une succursale de bobos parisiens, est aussi étrange qu’observer les mœurs des martiens de la Guerre des mondes d’H. G. Wells. Ce monde, oui, a irrémédiablement disparu. Cependant, une nostalgie demeure à la lecture de cette vie lente d’alors, rythmée par des certitudes d’un autre âge, des évènements et des guerres qui ont achevé d’emporter dans l’oubli ces existences paysannes. Lire Le cheval d’orgueil, c’est comme lorsque je me promène dans le village de Bouxières (une de mes balades favorites en ce moment). Je ne manque jamais de plonger ma main dans le lavoir pour sentir la fuite du temps sous la fraicheur de l’eau.
(13/01/2025)